Le film franco-marocain-belgo-danois Le Bleu du Caftan de Maryam Touzani et Nabil Ayouch est sorti en France en 2022. Il aborde, par le biais de la fiction, la réalité de l’homosexualité masculine au sein de la société marocaine.
Aujourd’hui nombre de chercheurs en sciences sociales mettent en articulation l’homophobie qui s’exprime en Afrique, au Moyen-Orient ou dans les pays du Maghreb, et la domination coloniale exercée par les occidentaux depuis le XIXe siècle jusqu’aux années 1960. En effet, leurs discours mettent en avant la puissance discriminative à l’encontre des minorités, en particulier sexuelles, des paroles coloniales visant à nier les droits et les libertés des individus. L’homosexualité a fait l’objet d’une condamnation morale soutenue par le pouvoir religieux musulman mais aussi politique dans de nombreux pays arabo-musulmans.
L’anthropologue Jean-Loup Amselle rapporte que lors d’une visite de l’ancien président des Etats-Unis, Barack Obama, au président du Sénégal, Macki Sall, ce dernier déclare dans un discours que l’homosexualité ne faisant pas partie des « traditions africaines » ne sera donc pas dépénalisé dans son pays. L’anthropologue Corinne Fortier rappelle le verset du Coran « Comme il a bien créé le mâle et la femme » (92,1-4)2 ainsi que cette parole du prophète exprimée dans la Sunna : « l’envoyé de Dieu a maudit les hommes s’efforçant de ressembler aux femmes (muẖannaṯ) et vice-versa » pour justifier en quelque sorte l’interdiction de l’homosexualité, pouvant mener jusqu’à la peine de mort, comme le Soudan, le Yémen, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Afghanistan ou le Pakistan.
Ces différents éléments donnent matière à penser et sont à l’origine de notre problématique qui vise à comprendre en quoi au XXIe siècle, le phénomène de l’homosexualité tel qu’il se manifeste dans les pays arabes par le biais de la littérature ou du cinéma, traduit une posture transgressive qui déstabilise à la fois le pouvoir politique et le pouvoir religieux.